FOOTBALLISTIQUEMENT INCORRECT – Paris est en finale, Quevilly est retourné aux champs !
Pas de doute, il n’est jamais évident d’affronter des amateurs en demi-finale de Coupe de France. Avec la qualification du Paris Saint-Germain, hier soir face à Quevilly, le constat n’a su être plus éloquent. Si éloquent, si révoltant, qu'un droit de réponse s'impose.
« Le Petit Poucet », c’est le syndrome de la Coupe de France. Tout le monde n’attend que ça. Tout le monde veut revivre l’épisode de Calais, encore tout frais. Pire encore, quand l’adversaire du club en question n’est autre que le méchant ogre parisien, la France entière, hormis les fans rouge et bleu, rêve de voir son petit protégé réaliser l’exploit.
Cet engouement national, on a pu le voir, casse entièrement l’objectivité des commentateurs. Les supporters de la capitale, interdits de stade comme il est de coutume ces derniers temps, ont pu le constater en suivant la rencontre en direct sur France 2. Au micro, Fabien Lévêque et Xavier Gravelaine, pourtant ancien parisien, exultent à chaque mouvement quevillais, s’indignent à chaque coup de sifflet en faveur des franciliens, protestent à chaque faute commise par leurs petits favoris.
Le syndrome du Petit Poucet
Ceci est sans compter sur l’attitude grotesque du public du stade Michel d’Ornado. Des applaudissements à chaque passe, une liesse populaire à chaque transversale, un orgasme à chaque tir. En opposition, des sifflets à chaque toucher de balle parisien, une ovation à chaque geste manqué, une crise de nerf à chaque faute. Le public rural de Normandie n’aurait-il jamais assisté à un match de football ailleurs que sur le champ de patates municipal du village ? C’est nettement l’impression dégagée hier soir en tout cas.
La scène fut exaspérante et les lancers d’objets sur les joueurs tirant un corner furent le paroxysme de leur bêtise. Pour dire, même au Parc des Princes on ne voit plus ça, ou très rarement. Pas sûr que le comportement des spectateurs normands serait le même dans l’enceinte parisienne. Et dire qu’en cas de victoire quevillaise, cette masse hystérique aurait arpenté les rues de Paris le 1er mai prochain. L’allusion fait froid dans le dos. Si la simple vue d’un match de football leur suffit à mériter une camisole, qu’en seraient les conséquences si ces gens venaient à découvrir les modernités de la capitale ? L’effroi à la vue du moteur à explosion, la peur à la vue d’un parcmètre, l’égarement et la détresse en plein quartier de la Défense.
La France pleure ses héros, Paris pleure la France
Pour conclure sur une vérité oubliée, le Paris SG n’est pas l’ogre qui a sorti le pauvre petit club amateur qui méritait tellement d’aller en finale. Non. Le Paris SG n’a pas volé sa victoire, loin de là. Et si ses joueurs n’avaient pas eu les pieds si carrés, le match aurait été plié bien plus tôt au vu des indénombrables occasions manquées en première mi-temps.
Désormais, la France pleure ses héros, la bulle médiatique est en deuil. "Paris brise le rêve de Quevilly" pouvait-on lire, entre autre, en une de la presse. Peu importe. Paris est en finale, Quevilly est retourné aux champs. Grand bien en fasse au football !