Le PSG est-il un beau champion ? Pour y répondre, Pierre Ménès dresse le bilan du club de la capitale !
« Le fait même de se poser cette question est à la fois très symbolique et très instructif, écrit-il. Si on se réfère aux stats – un élément important après 36 journées – alors le PSG est à l’évidence un très beau champion. Meilleure attaque, meilleure défense, meilleure équipe à domicile et à l’extérieur, meilleur buteur, 22 clean sheets…Imparable. Au niveau des chiffres en tout cas. Mais il n’y a pas que les chiffres bruts pour juger de la « beauté » d’un champion.
L’impression laissée compte tout autant, et là on ouvre un débat sans fin qui touche presque à la philosophie footballistique. Ce que je lis sur les réseaux sociaux oscille entre l’intéressant, le consternant et l’accablant. « C’est normal, ils n’ont aucun mérite avec autant de pognon », « C’est de la triche », et autres absurdités du même genre. On n’est même pas très loin du « Sales arabes » dans certains cas. Dans un premier temps, je vais me concentrer sur le jeu. Et me borner à constater que le PSG a commencé sa saison médiocrement, tant qu’Ancelotti s’est entêté avec son sapin de Noël qui ne correspondait pas du tout aux qualités de son effectif.
Longtemps, Ibrahimovic et ses nombreux buts ont masqué les insuffisances parisiennes. Et puis Carlo s’est aperçu qu’avec le matériel offensif dont il disposait, c’était peut-être pas plus mal d’aligner quatre attaquants. A partir de là, dans une période qui a débuté lors du match retour de C1 contre Porto et jusqu’à la trêve, le PSG a été vraiment impérial et implacable, à la fois au niveau du jeu et du nombre de buts inscrits. Un mois qui coïncide d’ailleurs avec le meilleur passage de Lavezzi cette saison. Après ça, Paris a dû jouer des matchs de Coupe d’Europe compliqués, notamment cette double confrontation face au Barça qui a puisé dans ses ressources physiques et mentales. Une débauche d’énergie en C1 qui a grandement contribué aux ratés de Sochaux ou de Reims en Ligue 1. Et à cette élimination en quart de finale de Coupe de France à Evian, qui est la seule véritable tâche de la saison parisienne et qui a mis le club et les joueurs sur les nerfs. »
« Concernant l’arbitrage, j‘ai quand même l’impression que sur l’ensemble de la saison il y a eu tout autant de décisions en faveur qu’en défaveur du PSG. A mon avis, le différentiel – dans un sens ou dans l’autre – n’excède pas deux points. Maintenant, c’est vrai qu’à un moment donné, il y a eu un excès de zèle du corps arbitral, qui a souvent tenu à la personnalité soupe au lait de certains hommes en noir – avec en point d’orgues le show Castro – mais aussi à celle d’un Leonardo parfois détestable de suffisance.
L’expression la plus marquante de cette sévérité excessive restant l‘expulsion de l’irréprochable Thiago Silva, ce qui au passage n’a pas handicapé Paris, qui l’a emporté à Lyon sans lui. Voilà, je garde donc une impression parfois mitigée au niveau du jeu, avec de bons moments lorsque l’adversaire était de bon niveau et de moins bons dans les « petits matches ». On dit que les grandes équipes savent aussi gagner les matchs faciles sans briller. Voilà un domaine dans lequel Paris pourra progresser l’an prochain pour être encore plus performant. Maintenant, on va voir ce qui va se passer avec le départ plus que plausible d’Ancelotti, la situation de Leonardo qui va de toute façon être lourdement suspendu suite à son altercation avec monsieur Castro, et le départ évoqué de certains joueurs – même si là je pense qu’il y a beaucoup de fantasmes.
Quand j’entends parler du départ d’Ibra, c’est faire fi d’un paramètre crucial : qui aujourd’hui peut filer 14 M€ par an à un joueur de 31 ans ? Il ne sera peut-être pas évident en revanche, de conserver Thiago Silva. Après, sur l’après-match à Gerland, on a eu droit à quelques moments de grâce avec les larmes de Jallet ou l’énorme joie de Sakho. Mais on a aussi vu des choses étranges, avec notamment les seuls joueurs français du club fêtant le titre sur la pelouse et cette prise de bec entre Leonardo et Ibra. Ça laisse une impression bizarre et les gens sont tellement à l’affût de tout ce qui se passe à Paris pour dézinguer le club, qu’on peut presque reprocher aux Parisiens de prêter trop facilement le flanc aux critiques et aux fantasmes.
A priori, le PSG est parti pour un long règne. Quand j’entends Jean-Michel Aulas parler du fair-play financier, j’ai peur qu’il soit déçu, le pauvre. Parce que finalement, rien n’empêche demain que la Bank of Qatar signe un chèque monstrueux pour apparaître sur le revers de la manche du maillot du PSG. Dans le football comme dans la société, il existe des gens très riches et des gens très pauvres. Et ce sont les très riches qui gagnent les grands trophées. Il faut l’accepter. Il n’y a qu’en France qu’on veut nous faire croire que le Bayern Munich n’est pas un club riche… »