
Arrivé cet été à Paris, Salvatore Sirigu en a surpris plus d’un.
Son intégration au PSG ne peut que surprendre. Après trois mois passés en France, l’international italien maîtrise déjà la langue de Molière et c’est sans compter ses prestations qui nous changent de celles proposées par Apoula Edel la saison dernière.
Lors d’une interview accordée au JDD, et en Français s’il vous plaît, le portier parisien revient sur tous les sujets qui entourent les Rouge et Bleu ces derniers temps : Pastore, l’arrivée de Balzaretti, le départ de Kombouaré, le projet parisien, la Ville Lumière et son quotidien, tout y passe.
• Le « classico » made in France
Ce soir, le club de la capitale se déplace chez son rival historique pour le match tant attendu. Un classico ça ne se joue pas, ça se gagne expliquait il y a quelques temps Javier Pastore.
Les OM-PSG, PSG-OM sont particuliers, attendus, excitants, passionnants. La victoire du PSG est obligatoire si le club désire récupérer sa place de leader incontesté du championnat mais plus que cela, une victoire lors d’un classico permettra à Paris d’asseoir sa domination sur la Ligue 1 après le rachat par les Qataris.
Après les deux matchs plus que décevants face à Bordeaux puis Nancy, les partenaires du Sirigu doivent se racheter auprès de leurs supporters. Mais ne parlons pas de l’OM qui vit un début de saison catastrophique avec des crises internes qu’on ne compte plus : Deschamps, Anigo, Gignac, Lucho … Comme l’affirmait Kombouaré en conférence de presse, c’est le bon moment pour jouer l’OM.
De son côté, l’Italien revient sur ce classico français, le premier pour ce joueur de 24 ans : «C ’est comme un derby, non ? À Palerme, quand tu joues Catane ou Naples, ce n’est jamais un match comme les autres. Il y a quelque chose de plus au niveau émotionnel parce qu’il compte pour les gens. Tu es porté par l’événement. Mais quand tu es professionnel, tu dois rester rationnel. Ce n’est jamais bon d’être trop impliqué. »
• Kombouaré – Deschamps, même combat
Depuis la reprise du championnat, la tête de Kombouaré a été coupée plusieurs fois par la presse française qui chaque semaine annonçait son licenciement. Mais malgré toutes ces rumeurs inévitables lorsque l’on rentre dans la cours des grands, le Kanak sera bien sur le banc parisien ce soir au Vélodrome. Une victoire face à l’OM le confirmerait certainement en tant que coach parisien, mais jusqu’à quand ? Cette question, on ne cesse de se la poser.
Et il en est de même pour son ami et entraîneur marseillais, Didier Deschamps qui est de plus en plus fragilisé à l’OM. Sa mésentente avec Anigo, son altercation avec Gignac, les mauvais résultats de l’OM, dixième du championnat … tout comme Kombouaré, les jours de Deschamps à la tête de l’OM semblent compter mais à une différence près : il y en a un qui en cas de victoire ce soir se positionne à la tête du championnat. Cet entraîneur, c’est Kombouaré qui après avoir obtenu le soutien de la plupart de ses joueurs, de beaucoup de supporters ainsi que de l’ensemble des entraîneurs français, obtient l’appui de son gardien numéro 1, Salvatore Sirigu : « En France […] On donne beaucoup de temps à l’entraîneur pour travailler. En ce qui nous concerne, je pense qu’on n’a pas besoin de changer d’entraîneur. On est premier au classement et jusqu’ici, on faisait un très bon parcours. Après trois mois de haut niveau, il est normal d’avoir une baisse de régime. En Italie, nous avons un dicton : Non tutti i mali vengono per nuocere – "tous les maux ne viennent pas pour nuire". La défaite contre Nancy (0-1) doit nous servir à revenir plus fort. »
Leonardo l’aura compris, Kombouaré n’est pas isolé bien au contraire.
• Sirigu, le gardien qu’il fallait au PSG ?
Et si elle était là la véritable pépite du PSG ? Et si Sirigu était la meilleure recrue de Leonardo lors du mercato d’été ? Alors que la saison dernière, le club de la capitale a dû subir les prestations d’un certain Edel, pour ne pas le nommer, cette saison la donne a changé. Le PSG peut se vanter d’avoir dans ses rangs un gardien au talent incontestable. Un gardien numéro deux de la Squadra, rien que ça.
Et pourtant, malgré ses très bonnes performances, Sirigu peut encore s’améliorer notamment dans les airs, son point faible. Alors imaginez-vous, une fois qu’il aura comblé ce point faible. Ce dernier malgré ses performances flamboyantes reste humble et réaliste : « Je me suis seulement raté contre Caen (4-2). Tout le monde fait des erreurs, non? Et puis les gardiens sortent moins qu’avant, on le voit partout en Europe. Avec ces ballons qui vont vraiment très vite, on n’a pas le temps. C’est trop risqué. Mais, bien sûr, je ne suis pas encore un gardien parfait. Je suis très critique envers moi-même. Le jour où je perdrai la volonté de progresser, je déclinerai. »
Et Zamparini dans tous cela, il peut s’en mordre les doigts ? Et bien non, le président de Palerme allait même jusqu’à déclarer : "Quand Leonardo me l’a demandé, j’ai sauté de joie. Il ne sait pas sortir de sa cage".
Des propos dont les supporters parisiens peuvent prendre à la rigolade quand on sait le bien fou qu’apporte Sirigu au PSG, et pour sa part, il « se fout » de ses propos comme il l’affirme : « Vingt jours avant, il m’avait embrassé en me disant que je deviendrais le plus fort de tous. Alors je me fous de ses propos. Les choses qu’il m’a dites en face sont plus importantes. »
• Pastore par-ci, Pastore par-là
Depuis le début du championnat, la presse n’en a que pour un homme : Javier Pastore laissant dans l’ombre son partenaire à Palerme et maintenant au PSG, Sirigu. Une situation qui pourtant n’agace pas le portier parisien : « Je connais "Flaco" dans la vie de tous les jours. À Palerme, on sortait souvent ensemble. Moi, je n’étais pas très connu. Normal, Palerme n’est pas très médiatisé et j’ai peu joué avec la Nazionale. » (doublure de Buffon, il compte deux sélections)
Aujourd’hui, Javier Pastore connait une baisse de régime logique quand on sait qu’il n’a pas connu de préparation d’avant-saison et lorsque l’on sait qu’il doit faire des déplacements vers l’Argentine régulièrement pour y rejoindre sa sélection. Les critiques à son égard ne cessent d’apparaître dans la presse qui serait certainement impatiente à l’encontre de l’Argentin. Mais malgré tout, Sirigu connaît parfaitement son ami et sait qu’il reste le même : « Quand tu joues très bien, tu es encensé. Dès que tu n’es plus à 100 %, on te remet en cause. C’est la loi du foot. Dans la vie de tous les jours, les gens sont heureux à certaines périodes et ont des coups de mou à d’autres, mais on ne les juge pas. Le footballeur, lui, doit trouver le bon équilibre : ne pas se la jouer quand tout va bien, être costaud quand ça va moins bien. Javier est le même qu’en début de saison: tranquille. »
• Le projet parisien
Que se soit Ménez, Pastore, Matuidi, Sissoko, Gameiro .. Tous s’accordent sur un point : s’ils sont venus c’est pour le projet. Et cela ils ne cessent de le répéter. Et il en est de même pour le gardien parisien qui a tout de suite été séduit par le projet mis en place à Paris. Faire du PSG un grand d’Europe est un projet ambitieux mais réaliste quand on connait la renommée mondiale de Paris.
Au sujet du projet parisien, Sirigu explique : « Oui, Leonardo m’avait exposé le projet. J’ai vite compris que c’était quelque chose d’énorme. J’ai eu un peu peur de partir à l’étranger. Mais c’était une trop belle opportunité. » Un projet lancé mais qui est loin d’être fini, d’ailleurs la prochaine cible de Leonardo se nomme Balzaretti que connaît très bien Sirigu pour avoir jouer avec lui sous le maillot de Palerme : « J’ai parlé avec lui et il se trouve très bien à Palerme. Mais s’il a la possibilité de venir, ce serait… [Il s’arrête] C’est difficile pour moi d’en parler car c’est mon ami. Mais je peux dire que c’est un des joueurs les plus importants de la Nazionale en ce moment… » avoue-t-il.
• La Ligue 1 et sa vie en France
Après 14 journées de championnat, Sirigu a pris le temps d’observer les joueurs qui l’entouraient et l’Italien a pu découvrir de très bons joueurs : « J’ai aussi découvert de très bons joueurs, comme Corgnet [Dijon], Giroud [Montpellier], Pitroipa [Rennes]. Il y a aussi un petit gaucher qui joue à Valenciennes (Danic).» Quant aux gardiens qui l’impressionnent le plus, il estime que : « celui qui m’a impressionné, c’est Costil de Rennes. Je l’avais déjà croisé en sélection de jeunes. Je pense qu’il peut faire une belle carrière. J’adore aussi Ochoa à Ajaccio. »
Vivre à Paris, c’est avoir l’opportunité de découvrir « la plus belle ville du monde » dixit Sakho. Et Sirigu semble être tombé amoureux de notre Ville Lumière : « Le gros changement, c’est les entraînements le matin. Je ne connaissais pas. Alors je me lève tôt. Une fois la séance terminée, j’ai la journée devant moi. À Paris, il y a tous les jours des choses à faire. Je suis allé au Louvre parce que cet endroit me fascinait. J’ai aussi visité le tombeau de Napoléon aux Invalides. L’autre jour, je suis passé devant la Madeleine. C’était ouvert, je suis entré. Je flâne, je découvre les lieux magnifiques que les Parisiens ont sous les yeux mais qu’ils ne voient plus. »
Gardien talentueux qui a su s’intégrer très rapidement, Salvatore Sirigu arrive à séduire les supporters parisiens, heureux de voir un si grand gardien porter les couleurs de Paris. Un gardien talentueux qui ne peut que progresser pour emmener le PSG au sommet de l’Europe.