SðBASTIEN BAZIN connaît-il le football ? Cette question vient tout de suite à lesprit à lheure de sintéresser au futur président du PSG. La lecture de son CV laisse penser quil maîtrise mieux lévolution des cours boursiers, des taux dintérêt ou les recapitalisations dentreprises que le passage du 4-4-2 au 4-3-3, la défense de zone ou la gestion dun vestiaire. Diplômé de la Sorbonne, premier job à Wall Street à vingt-cinq ans, directeur général de lImmobilière hôtelière à trente et un, PDG de Colony Capital Europe à trente-six, son itinéraire ne laisse en effet que peu de place au futile.
Tout cela ne répond pourtant pas à la question : sy connaît-il en foot ? Cest ce quAlain Cayzac avait demandé à Guillaume Kuperfils, administrateur du club et proche de Sébastien Bazin, avant de devenir président du PSG, en mai 2006. « Si je te dis quon sest coltiné quatorze heures de voiture tous les deux pour aller à Rotterdam assister à la finale de la Coupe dEurope contre Barcelone, en 1997, ça te donne un indice ? » , lui a répondu Kuperfils. « Oui, là, ça va » , a souri Cayzac. Bazin aime donc ça.
Il nempêche, il a beau être un passionné de foot, un amoureux sincère du PSG qui se rendait au Parc des Princes avec son père pendant son enfance à Neuilly-sur-Seine, pas grand-chose ne le prédestinait à la présidence dun club aussi irrationnel, qui pique sa crise même quand tout va bien. Depuis quil tient les rênes de Colony Capital en Europe, ce financier discret de quarante-sept ans, spécialiste dans limmobilier, au flair encensé, avait plutôt tendance à racheter des entreprises en difficulté, les renflouer avant de les céder avec une jolie plusvalue. Pour le plus grand bonheur de Tom Barrack, son patron Américain dorigine libanaise, fondateur de Colony Capital, aussi épris de sport et dopérations immobilières complexes que Bazin.
Sur les trente-cinq investissements effectués en Europe, 90 % ont atteint le taux de retour exigé par Barrack. Le PSG nen est pas là. Pas encore. « Bazin, cest une chance pour le PSG, assure Philippe Baudillon, lun de ses amis, ancien directeur général de France 2. Dabord, il connaît très bien le sport, même si on ne lentend pas le clamer sur tous les toits. Ensuite, cest un homme qui sait organiser, très efficace, avec une vision des affaires haut de gamme. Il a un réseau qui nappartient peut-être pas au mondedu foot, mais qui sera profitable à lentreprise PSG. »
Tous ses proches le disent : « Bazin ne cédera pas le club tant quil ne laura pas remis sur les bons rails. » Dans chacun de ses investissements, il a su sentourer et sappuyer sur un modèle de confiance réciproque. « Cest un type fidèle et combatif » , assure Alain Cayzac. Mais lorsque la confiance est rompue, que la situation est inexorable, il devient « un patron qui prend des décisions » , poursuit Frédéric de Saint-Sernin, président du Stade Rennais et ami de longue date. Ce fut le cas après la réception du courrier de Charles Villeneuve, quil avait placé à la présidence quelques mois plus tôt et dont il na pas du tout apprécié la démarche.
« Dans ma carrière, jai toujours fait confiance. Le jour où le fil est cassé, on cesse la collaboration » , avait-il confié aux joueurs pour justifier le départ de Villeneuve. « Mais cest quelquun de très respectueux de la personne quil a en face de lui, témoigne Philippe Boindrieux, directeur général du PSG. Il est courant, dans les dîners en ville, de dire du mal des autres, notamment des personnes quon ne côtoie plus. Ce nest pas du tout son cas. »
ì son arrivée, Bazin avait prévenu que le PSG ne représentait que 0,5 % de ses activités. Pas question quil passe 80 %de son temps, avait-il conclu.
Cétait sous-évaluer la puissance de ce club. Que ce soit dans les conseils dadministration de Carrefour ou à table avec des amis, tout le monde ne lui parle que de ça. Frédéric de Saint-Sernin le sait : « Mais le temps quil donne à ce club, cest du vrai temps. Et sa passion est sincère. Avec lui, il ny a rien de feint. »