Kevin, 20 ans, sans emploi, et
Samuel, 31 ans, marié, père de deux enfants, nont pas le profil des
supporters haineux que lon peut croiser dans les stades de football.
Le 14 janvier dernier, à lissue du match de Coupe de la Ligue
PSG-Lens, les deux hommes ont été interpellés dans la tribune F, celle
des visiteurs, pour avoir effectué des saluts nazis. Ce sont les images
des caméras de vidéo surveillance qui ont permit à la police de procéder
à cette arrestation.
En réponse à une provocation
Placés en garde à vue, les deux supporters, en état débriété, ont
reconnu avoir exécuté un geste semblable au salut nazi, mais ils ont
nié tout caractère raciste. Vous vous trouviez face aux supporters de
la tribune Auteuil. Vous navez pas effectué ce geste parce que vous
les trouviez plutôt basanés, plutôt colorés ? a demandé hier la juge.
Nous avons fait ces gestes en réponse à des doigts dhonneur que nous
faisaient les supporters, a répondu Samuel, indiquant que, pour lui,
le salut nazi était réservé aux skinheads.
La Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme),
partie civile, a considéré, elle, que le geste était sans équivoque,
réclamant 1 500 euros de dommages et intérêts.
Pas dinterdiction de stade
Jack Perissé, le procureur, sest dit convaincu que les deux prévenus
nétaient pas racistes mais quils avaient, par ce geste, provoqué une
résurgence dans la mémoire collective de faits bien précis. Pour sanction, il a requis trois ans dinterdiction de stade et quinze
jours de prison avec sursis pour Kevin et deux mois avec sursis pour
Samuel. A la demande de lavocat de Samuel, maître Stéphane Michel, les
faits ont été finalement requalifiés en provocation à la haine ou à la
violence. Son client a été condamné a un mois de prison avec sursis.
Kevin, lui, a récolté deux mois avec sursis. La Licra a, elle, été
déboutée.