PARIS (AFP) Le Conseil d'Etat s'est penché mercredi sur les
dérives de supporteurs du PSG, en examinant un recours des Boulogne
Boys contre la dissolution de leur association, décrétée le 17 avril à
la suite de l'affaire de la banderole injurieuse anti-Ch'tis.
Le
groupe de supporteurs avait décidé lundi d'une saisine en référé pour
plaider l'urgence du maintien du droit à se réunir à trois journées de
la fin du championnat de L1, alors que l'heure est grave pour leur
club, menacé de relégation.
Face à un juge unique, qui rendra sa
décision vendredi – avant que le Conseil d'Etat examine le cas sur le
fond dans plusieurs semaines -, l'avocat de l'association, Me
Jean-Jacques Gatineau, s'en est pris mercredi au "flou artistique" du
décret de dissolution.
Ce texte cosigné par la ministre de
l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, et le Premier ministre, François
Fillon, insistait sur les "actes répétés de dégradations de biens, de
violence sur des personnes ou d'incitation à la haine ou à la
discrimination", imputables depuis deux saisons aux Boulogne Boys.
Des
infractions qui selon Mme Alliot-Marie ont atteint l'"inadmissible"
avec la banderole "Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez
les Ch'tis" déployée le 29 mars lors de la finale de la Coupe de la
Ligue PSG-Lens au Stade de France.
Le décret ministériel
mentionne que ce calicot faisant allusion au film à succès de Dany Boon
"a été réalisé avec le soutien matériel et déployé avec la complicité
de membres des Boulogne Boys".
"On est dans le flou artistique le
plus complet, dans l'insinuation", a protesté Me Gatineau, estimant
qu'on ne pouvait faire payer à un groupe des dérives étant souvent le
fait d'individus agissant sans concertation.
L'avocat et
Pierre-Louis Dupont, le président de l'association, ont passé en revue
chacun des cinq faits de violence recensés dans le décret, se plaignant
de fréquents "amalgames" entre supporteurs parisiens et membres des
Boulogne Boys.
Le 23 novembre 2006, porte de Saint-Cloud à la
sortie du match PSG-Tel Aviv, "il y avait certainement de nos membres
(parmi les 150 Parisiens menaçant les supporteurs israéliens), mais
rien n'indique qu'ils étaient là pour commettre des troubles", se
défend M. Dupont. Les incidents aboutiront à la mort d'un Boulogne Boy,
tué par un policier, depuis révoqué après une condamnation pour
escroquerie.
Lorsque des forces de l'ordre essuient des jets de
projectiles avant le PSG-Marseille du 10 septembre 2006, certes deux
membres des Boulogne Boys sont interpellés "mais il n'y aura qu'une
condamnation", ajoute le président de l'association, trentenaire en
pull et baskets soignés.
Face à lui Laurent Touvet, directeur des
libertés publiques et des affaires juridiques, représentant Mme
Alliot-Marie, réaffirme que depuis 2006 "il y a eu une gradation dans
la violence et dans l'implication de l'association".
"Petit à
petit on voit que de plus en plus de personnes participent à ces
actions", poursuit M. Touvet rappelant que d'après le ministère 164
membres de l'association ont fait l'objet d'une interdiction de stade
dont 113 après une décision de justice.
La dissolution des
Boulogne Boys a incité le PSG à rompre la convention le liant à
l'association, et à suspendre tous les accès à ses installations dans
l'enceinte du Parc des Princes.
Par ailleurs une instruction est
en cours au TGI de Bobigny après la plainte que le club parisien a
déposée contre X pour incitation à la haine ou à la violence.