Nous avons demandé à trois des derniers adversaires du Paris-SG, Saint-Etienne (2-1), Grenoble (1-1) et Nancy (4-1) si le club de la capitale avait l'étoffe d'un champion. Pour certains d'entre eux, c'est évidemment oui.
Paris, première équipe à détrôner le roi Lyon ? L'idée n'a rien d'incongru. A douze journées de la fin, elle a même pris de l'épaisseur dans le monde de la L1. «Moi, je les place dans les favoris, même si cette étiquette, ils n'en veulent pas et qu'ils préfèrent rester tranquillement au chaud, avance Laurent Batlles. Collectivement, c'est plus fort que Bordeaux par exemple.»
Tous les acteurs que nous avons interrogés ne sont pas tout à fait du même avis que le milieu grenoblois. Ils accordent malgré tout un certain crédit à une formation qui, ces deux dernières saisons, luttait encore pour sa survie dans l'élite. «Paris champion ? Pourquoi pas…», reprennent en cur les deux stéphanois, Cédric Varrault et Ilan. «Pour moi, ils restent quand même un ton en-dessous de Lyon», nuance de son côté le nancéien Gennaro Bracigliano. Les joueurs de Paul Le Guen ne recueillent pas encore l'unanimité des suffrages. Leur défaite contre Rodez (1-3 a.p.), mercredi, en huitième de finale de la Coupe de France participe à ce léger scepticisme qui continue de les accompagner. En France, on attend davantage Bordeaux ou Marseille pour contester l'hégémonie lyonnaise. C'est peut-être aussi ce qui sert les hommes de la capitale.
«Ils n'ont pas la même obligation de résultats que Lyon, Marseille ou Bordeaux, observe Batlles. Pourtant, ce n'est pas illogique de les voir là. Ils ont tellement souffert, ils savent d'où ils viennent. Un peu comme Toulouse.» Ces deux dernières années, Paris a lutté pour ne pas descendre. C'est ce vécu commun qui lui permet d'être aussi fort collectivement, selon Gennaro Bracigliano. «Ce que le PSG propose est cohérent, analyse le portier lorrain. Ce passé difficile est un atout de premier ordre. La relation entre chaque joueur, c'est ce qui fait l'essence et l'âme d'une équipe.» C'est aussi ce qui lui permet d'être aussi «équilibrée», même si elle peine toujours à prendre le jeu à son compte. «Mais à part l'OM et Bordeaux, qui est capable de le faire ?, interroge Bracigliano. áa me fait rire parce que l'an dernier, on nous sortait le même argument alors que ça nous arrivait de produire du jeu. Contre nous (4-1), Paris aussi l'a fait.»
«De toute façon, ce n'est pas propre à Paris, reprend Ilan. En France, toutes les équipes pensent d'abord défendre. Ce n'est pas ma mentalité. Moi je préfère marquer dix fois et en prendre neuf plutôt que de gagner 1-0.»
«Une équipe chiante à jouer»
Paris, au contraire, en a fait une ligne de conduite. La troisième meilleure attaque du Championnat est avant tout une équipe solide, et ce n'est pas un paradoxe. «Ils peuvent attaquer l'esprit libre parce qu'ils ont des garanties derrière, souligne Ilan. Paris est une équipe chiante à jouer. Et lorsqu'elle mène au score, c'est encore pire. Elle est bien en place et ne te laisse aucun espace. C'est très frustrant.»
Pour Batlles, si Paris est aussi efficace devant, c'est aussi grâce à Stéphane Sessegnon, «le meilleur joueur du Championnat» et Guillaume Hoarau, auteur de quinze buts pour sa première saison en L1. Le premier est «déroutant», selon Cédric Varrault, tandis que le second, «par son physique, gêne considérablement les défenseurs, même les plus athlétiques». Deux individualités au service du collectif, mais qui n'auraient «sans doute pas le même rendement si elles étaient arrivées quand ça allait mal» annonce Batlles. «Ils bénéficient de l'apport de joueurs comme Armand, Makelele ou Giuly qui les rassurent». Cette homogénéité fait dire à l'ancien toulousain que Paris «avance à un rythme de champion». Il ne manque plus que le titre.